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HISTOIRE DE L' ESCLAVAGE EN OCCIDENT 2ème PARTIE

1619

L'évènement crucial qui joua un rôle dans le développement de l' Amérique était l'arrivée d'Africains à Jamestown. Un marchand d'esclaves hollandais échangea le chargement  d'Africains de son  bateau pour de la nourriture en 1619. Les Africains furent engagés sous contrat comme serviteurs*, similaires sur le plan légal à beaucoup d'Anglais pauvres qui échangèrent plusieurs années de travail en échange de leur traversée vers l'Amérique. La conception populaire d'un système d'esclavage basé sur la race n'exista pas jusque dans les années 1680.

La légende répétait inlassablement que les premiers Noirs en Virginie étaient "engagés sous contrat comme serviteurs", mais il n'y a pas d'allusion à cela dans les archives. La légende a pris de l'ampleur parce que le mot esclave n'apparaît pas dans les archives en Virginie jusqu'en 1656, et les textes de loi définissants le statut des Noirs ont commencé à apparaître seulement dans les années 1660. On en déduisait que les Noirs appelés serviteurs devaient avoir approximativement le même statut que les Blancs engagés sous contrat comme serviteurs. Un tel raisonnement empêchait de voir que les Anglais au début du dix-septième siècle, utilisaient le mot serviteur quand ils voulaient dire esclave dans notre sens et vraiment les Blancs du sud utilisaient "serviteur" jusqu'en 1865 et au-delà. Le mot esclave est entré dans le vocabulaire du sud comme un mot technique de commerce, de loi et de politique.

Jamestown a exporté dix tonnes de tabac vers l'Europe et était devenue une ville en pleine expansion. Les affaires réalisées avec les exportations étaient devenues si florissantes que les colons avaient les moyens de payer deux importations qui contribuaient à augmenter leur productivité et leur qualité de vie. Vingt Noirs d'Afrique et quatre-vingt femmes d'Angleterre. Les Africains étaient échangés contre de la nourriture; chaque femme coûtait cent-vingt livres de tabac. Les Noirs ont été acheté sous contrat comme serviteurs à un bateau hollandais en manque de nourriture et les femmes ont été fournies par une société anglaise. Ceux qui ont épousé les femmes durent payer leur passage: cent-vingt livres de tabac.

Avec le succès des plantations de tabac, l'esclavage des Africains fut légalisé en Virginie et au Maryland, devenant la base de l'économie agraire du sud.

Bien que le nombre des esclaves africains ait augmenté lentement au début, dans les années 1680 ils étaient devenus essentiels dans l'économie de la Virginie. Pendant le dix-septième et le dix-huitième siècles, des esclaves africains ont vécu et travaillé dans toutes les colonies de l'Angleterre en Amérique du nord. Avant que la Grande-Bretagne interdise à ses sujets de participer au commerce des esclaves, entre six cent mille et six cent cinquante mille Africains ont été transportés de force en Amérique du nord.

Après l'arrivée de vingt Africains à bord du navire de guerre hollandais en Virginie en 1619, le visage de l'esclavage américain commençait à passer de l'Indien "fauve" à l'Africain "nègre" de 1650 à 1750. Hélas, le problème est complexe, l'inadéquation des indigènes américains pour les travaux intensifs agricoles, leur sensibilité aux maladies des Européens, la facilité de déserter, de survivre et le commerce lucratif des Noirs asservis tendait à institutionnaliser l'esclavage africain. Durant cette période de transition, les guerres coloniales contre les Pequots, les Tuscaroras, les Yamasees et autres nations indiennes conduisaient ceux-ci à l'esclavage et à la délocalisation de dizaines de milliers d'indigènes américains. Les Britanniques de Charleston troquaient des marchandises avec les Indiens Chicasaw contre des esclaves capturés par ceux-ci dans les tribus voisines. Les autorités de Caroline du Sud saisissaient les enfants des Indiens qui avaient des dettes pour les vendre comme esclaves. Dans les premières années du dix-huitième siècle, le nombre d'esclaves indigènes américains dans les régions comme les Carolines était la moitié de la population servile africaine. Durant cette période transitoire, Africains et indigènes américains partagèrent l'expérience de l'esclavage. En plus de travailler dans les champs ensemble, ils vivaient dans les mêmes villages, avaient des recettes de cuisine collective et des herbes médicinales, ils partageaient les mythes et légendes et il y eut des histoires d'amour. Les mariages entre Africains et Amérindiennes étaient facilités par le plus grand nombre d'hommes africains par rapport aux femmes africaines (3 à 1), la désertion  et la décimation des hommes amérindiens par la maladie, la servitude et les guerres prolongées avec les colons.

Les sociétés amérindiennes étaient essentiellement matrilinéaires dans le sud-est. Les hommes africains qui se mariaient avec des femmes indiennes devenaient souvent membres du clan de leur épouse et citoyen de leur nation. Au fur et à mesure que les bonnes relations augmentaient, les lignes de distinction devenaient floues. L'évolution du peuple rouge-noir commençait à poursuivre sa propre voie. Beaucoup de gens, qu'ils soient esclaves, hommes libres de couleur, Africains ou Indiens étaient souvent le produit de la fusion de plusieurs cultures. Dans les régions comme le sud-est de la Virginie, le pays bas des Carolines et Silver Bluff, S.C., des communautés d'Afro-amérindiens commençaient à surgir. La profondeur et la complexité de ces métissages sont révélées dans un code de l'esclavage de Caroline du sud de 1740: tous les nègres, Indiens, mulâtres ou mustezoes qui maintenant sont ou seront ci-après dans cette province et tous leurs enfants et descendants... seront et déclarent solennellement être et rester ci-après des esclaves absolus.

Des millions d'indigènes américains étaient asservis, particulièrement en Amérique du sud. Dans les colonies américaines, en 1730, presque vingt-cinq pour cent des esclaves dans les Carolines étaient Cherokee, Creek ou autres. Du seizième au début du dix-septième siècle, un petit nombre de Blancs étaient aussi asservis après enlèvement, pour avoir commis un crime ou avoir des dettes.

Dans les Amériques, s'ajoutaient de nouvelles dimensions à cette résistance, spécialement des réactions à l'appartenance raciale des esclaves considérés comme des biens-meubles. Cette différence fondamentale de la condition des esclaves en Afrique (maîtres et esclaves sont noirs) apparut progressivement, bien que les racines des catégories raciales étaient déjà établies auparavant. Des actes de résistance qui rassemblaient des travailleurs irlandais, des esclaves africains et des prisonniers amérindiens se produisirent mais à la fin, ces alliances se désintégrèrent. En outre, les esclaves ne consolidèrent pas l'identification ethnique basé sur la couleur de la peau mais il était entendu que la plupart des Noirs étaient esclaves et qu'aucun esclave n'était blanc.

En fait, les premiers vingt esclaves "negar" arrivèrent des Antilles sur un vaisseau hollandais et furent vendus au gouverneur et un marchand de Jamestown à la fin d'août 1619. En 1625, dix esclaves figuraient parmi le premier recensement à Jamestown. La première enchère publique de vingt-trois esclaves se tint scandaleusement sur la place de Jamestown en 1638. Ce qui allait devenir les paramètres et les propriétés de cette curieuse institution étaient définis à l'Assemblée Générale de la Virginie vers 1640.

Un esclave de Virginie nommé Emmanuel, était déclaré coupable de tentative d'évasion en juillet 1640 et était condamné à trente rayures avec la lettre "R" pour "runaway" marqué au fer rouge sur sa joue et travailler avec les chaînes un an ou plus si son maître en voyait la raison. L'ombre de Rome! L' Assemblée Générale de Virginie en 1662 prononça une loi laquelle directement et consciemment invoquait le code Justinien: partvs seqvitvr ventram, qui prévoit qu'un enfant né d'une mère esclave était aussi un esclave, sans tenir compte du statut du père1. Quelques années plus tard, la population des Africains en esclavage en Virginie atteignait environ deux mille personnes et un autre texte de loi de 1667 établissant la servitude obligatoire, suivant le code romain, pour les nègres... L'esclavage était devenu une institution officielle.

*Le mot "serviteur" a été traduit de l'anglais "servant", qui signifie également domestique.

1.Cette loi sera reprise en France en 1685 par Colbert dans le "code noir".

Ce  texte a été traduit de l'anglais par Jean-Pierre Pazzoni sur le site américain: http://innercity.org/holt/slavechron.html

Histoire de l'esclavage 3ème partie

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