PAGE D' ACCUEIL

MOSES ROPER

"PARMI LES INSTRUMENTS DE TORTURE EMPLOYÉS"

Moses Roper, qui naquit en esclavage dans le conté de Caswell dans la Caroline du nord, a vécu dans les Carolines du nord et du sud et en Géorgie avant de s'installer successivement dans le nord des colonies puis en Angleterre. Dans cet extrait de son autobiographie, il décrit la punition à laquelle il fit face après qu'il ait essayé sans succès de s'évader.

Mon maître m'a donné un solide dîner, le meilleur qu'il ne m'ait jamais donné; mais c'était pour me garder mourant avant qu'il m'eut donné tous les coups de fouet qu'il avait voulu. Après le dîner, il m'enleva à la cabane en rondins, me déshabilla presque entièrement, m'amena fermement sous un barreau très haut, attacha mes mains au barreau, lia mes pieds ensemble, mit un barreau entre mes pieds, se tint debout sur le bout pour me maintenir; ses deux fils ensuite me donnèrent cinquante coups de fouet, le gendre encore cinquante et mister Gooch, cinquante aussi.

Pendant qu'ils me fouettaient, sa femme vint et lui demanda de ne pas me tuer, c'était le premier acte de sympathie que je n'avais jamais remarqué chez elle. Quand j'ai appelé pour avoir de l'eau, ils en apportèrent un seau plein et lancèrent son contenu sur mon dos labouré par les coups de fouet. Après ceci, ils m'emmenèrent à l'atelier du forgeron, prirent deux grandes barres de fer, lesquelles furent posées sur mes pieds, chaque barre pesant vingt livres et me mirent un lourd rondin reliée à une chaîne sur mon cou... 

Parmi les instruments de torture employés, je vais en décrire un: c'est une machine utilisée pour faire les balles de coton. Un cheval et quelquefois un homme tournant autour d'une vis, pressait le coton dans un moule. A celle-ci, il me pendit par les mains pendant un quart d'heure. Je fus porté en l'air à dix pieds au-dessus du sol... Après cette torture, je restais avec lui plusieurs mois et faisais très bien mon travail. C'était au début de 1832, quand il m'enleva mes fers, j'étais terrorisé par lui, il m'avait traité durement avec beaucoup de punitions et j'ai essayé de m'enfuir. J'ai été en Caroline du nord, mais une récompense avait été offerte pour moi; un monsieur Robinson m'attrapa et m'enchaîna à une chaise sur laquelle il s'était assis et resta avec moi toute la nuit. Le jour suivant, il me ramena d'où je venais. C'était samedi. Monsieur Gooch avait été à l'église à plusieurs miles de sa maison. Quand il revint, il commença par faire couler du goudron sur ma tête, en enduisit mon visage, prit une torche de poix et mit le feu à ma tête; il l'éteignit avant que je sois brûlé trop grièvement, mais la douleur que j'ai enduré fut insoutenable. Presque tous mes cheveux avaient disparu, brûlés. Le dimanche, il me mit encore des fers , pesant cinquante livres. Il me traita encore le lundi avec des coups de fouet et le mardi matin, avant le lever du jour, je m'échappai encore avec mes fers et j'avais après trois heures, parcouru deux miles. J'avais parcouru une bonne distance quand je rencontrai un homme de couleur qui possédant des coins m'enleva mes fers. Néanmoins, je fus encore attrapé et mis en prison à Charlotte où monsieur Gooch vint et me ramena à Chester. Il me demanda comment j'avais enlevé mes fers. Ils avaient été enlevés par un esclave et je ne voulus point répondre à cette question de peur que l'homme soit puni. Sur ce, il mit mes doigts dans un étau et arracha tous mes ongles. Puis, il mit mes pieds sur une enclume et ordonna à un homme de frapper mes orteils jusqu'à ce que des ongles soient fracassés et arrachés. Les marques de ce traitement sont encore visible sur moi, quelques uns de mes ongles depuis n'ont jamais repoussé parfaitement .

Extrait de: "Narrative of the adventures and escape of Moses Roper" de Moses Roper.  London, 1837. Traduit de l'anglais par Jean-Pierre Pazzoni.

PAGE D' ACCUEIL